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2015, vers une réduction de la mobilité

31 Janvier 2008 , Rédigé par Fabrice Poiraud-Lambert Publié dans #Vision & Prospective

Nous vivons dans un monde et un contexte fascinant :
- Un monde incroyable où certains vivent au présent et peinent à subvenir ne serait-ce qu'à leurs besoins les plus basiques (boire et manger), pendant que d'autres (dont je suis) travaillent dans des contextes technologiques et ont l'opportunité de se projeter dans un avenir qui n'a peut-être plus grand chose à voir avec ce que nous vivons actuellement.
- Un contexte qui change, de plus en plus vite et de plus en plus radicalement

 
Notre avenir recèle très vraisemblablement de nombreuses surprises, certaines très mauvaises et d’autres positives, auxquelles il convient pourtant de se préparer. Si l’Homme est capable de vision et de prospective, il a cependant beaucoup de mal à accepter le changement, surtout s’il est rapide, créateur d’incertitude, et s’il ne semble pas être inéluctable immédiatement. Nous avons donc une tendance à ne réagir qu’au syndrome du « nez dans le mur » : nous ne prenons des mesures que lorsqu’il est (presque) trop tard, surtout si ces mesures sont coûteuses ou impopulaires. 


Pourtant, nous sommes probablement à la veille de changements brutaux, radicaux, qui vont affecter la planète dans sa globalité, et dans tous les domaines, modifiant les règles et les modes de vie en profondeur. Ces changements sont liés à la conjonction de multiples phénomènes liés à :
- la raréfaction de nombreuses ressources, liée elle-même à la surexploitation et au développement d’une population mondiale trop importante pour la planète
- la pollution et ses impacts sur la biodiversité et sur le climat
 


Tout cela fait l’objet de communications toujours plus nombreuses dans les média, et si les messages commencent à pénétrer les esprits des populations des pays les plus industrialisés, les politiques restent encore très en retrait, en raison des impacts associés sur l’économie, impacts inacceptables pour ces mêmes foules pour l’instant : un paradoxe que nous connaissons bien en France, où nous réclamons des réformes pour mieux lutter contre elles lorsque qu’elles nous touchent dans nos intérêts individuels.
 


L’objectif n’est pas ici d’aborder tous les changements auxquels nous allons devoir faire face à l’avenir, mais d’essayer d’imaginer ce que pourra être notre futur proche (2015) dans le domaine de la collaboration électronique. Pourquoi cette date ? Parce qu’elle n’est pas trop lointaine, que certains bouleversements ne seront pas encore trop prononcés (par exemple, la montée du niveau de la mer), et qu’une projection peut rester réaliste. Les prospectivistes évitent aujourd’hui semble t-il de se projeter en 2025, un moment de l’histoire qui risque d’être tellement chahuté que l’on préfère imaginer 2050 : si nous avons surmonté le cap de 2025, la situation devrait être plus stable !


Certes, cette vision n’est pas des plus sereines, mais a quoi sert-il de se cacher derrière son petit doigt ? Il suffit de chercher un peu sur le Net pour trouver un nombre plus que préoccupant de facteurs majeurs de changements radicaux à venir, qui souvent s’enchaînent les uns les autres.
 


Ceci étant dit, penchons nous sur les facteurs qui auront potentiellement une influence sur le développement des technologies collaboratives et sur leur adoption professionnelle massive (aujourd’hui, selon Knowings (2005), seules 15% des sociétés françaises utilisent des intranet collaboratifs ).


L’utilisation des solutions de travail collaboratif est intimement liée à la distance qui sépare les acteurs (internes ou externes) de l’organisation. Si les entreprises utilisent encore très majoritairement des méthodes traditionnelles de collaboration (la réunion physique en salle), les changements à venir risquent de changer les règles du jeu, en freinant la mobilité :
 


Changement N°1 : la Pandémie de grippe aviaire.

Au-delà que toute réaction alarmiste et d’amplification média, une pandémie prochaine de grippe aviaire n’est plus considéré comme un risque, mais comme une certitude, dans un futur plus ou moins proche (non prédictible).
 


Extrait de «Grippe aviaire : Scénarios à envisager et conseils aux entreprises », (
http://gestiondecrise.com/grippeaviaire3bis.htm) : « ceci incite à ré-insister auprès des entreprises : la seule attitude raisonnable pour elles face à la menace représentée par la grippe aviaire est de se préparer concrètement à des situations de crise possibles. En effet, dans la situation actuelle, en dépit (et même à cause) des incertitudes scientifiques, le potentiel d’évolution et de gravité de l’épizootie est indiscutable, avec l’éventualité que le virus H5N1 ne devienne, dans les années qui viennent, transmissible d’homme à homme. Il est à prendre en compte au delà des phénomènes de « psychose » qui ont pu être entretenus par les médias et aussi par certains responsables ; au delà aussi des considérations diverses et variées qui ont pu circuler ces derniers mois et donner l’impression que le risque d’une pandémie de grippe humaine avait été grossièrement surestimé. En fait, de l’avis de la très grande majorité des experts, ce risque est notable pour les années qui viennent, sans qu’il soit possible de préciser quand cette pandémie pourrait survenir.   


Le vendredi 1er septembre 2006, le gouvernement français a d’ailleurs recommandé aux entreprises de toutes tailles de se préparer concrètement à l’éventualité d’une pandémie ; et une nouvelle fiche pratique de recommandations en ce sens (fiche G1) a été adjointe au plan gouvernemental (site
www.grippeaviaire.gouv).


Il s’agit notamment pour les entreprises d’élaborer des plans de continuité d’activité (PCA), permettant, selon les différents scénarios de crise, le maintien des fonctions essentielles.


A noter que la constitution d’un « PCA pandémie grippale » représente une tâche assez longue et complexe. Elle suppose la mobilisation d’un groupe projet travaillant par étapes successives. En effet, de très nombreux points sont à traiter, de la définition des fonctions essentielles aux moyens et modalités d’un télétravail en passant par la gestion des expatriés, les mesures d’hygiène et de protection à assurer, l’identification des approvisionnements et des partenaires professionnels critiques, la communication interne, les moyens informatiques et télécoms supplémentaires, les dispositifs de pilotage de la crise et de gestion des effectifs, etc. Il faut également souligner d’emblée qu’un tel PCA doit tenir compte des particularités d’une pandémie grippale ; entre autres, la forte contagiosité, l’évolution probable en deux vagues de 8 à 12 semaines, la fermeture des écoles, le taux d’absentéisme prévisible de 30 à 50%... Sans oublier l’anticipation de questions sensibles, telle que celle du droit de retrait.
»


On le voit, en cas d’apparition d’une pandémie, les entreprises dans la zone concernée devront subir une situation qui peut leur être fatale, en particulier si elles ne sont pas préparées et doivent fermer 12 semaines d’affilées. A chaque dirigeant de prendre ou non le risque d’affronter 3 mois de cessation d’activité (plus les impacts liés à la pandémie : perte de personnel, retour à la normale longue aussi chez les partenaires, etc). C’est dans ce contexte que les technologies collaboratives peuvent prendre tout leur sens, en permettant aux collaborateurs restés chez eux de continuer à faire fonctionner l’entreprise. Bien entendu, les moyens à mettre en œuvre dépassent ici largement le simple usage de la messagerie et du partage de fichiers !



Changement N°2 : Pénurie de ressources et coût du pétrole
Le développement accéléré de la Chine, de l’Inde, du Brésil, pour ne citer que les plus impactants, a de nombreux effets sur la raréfaction des ressources naturelles et l’augmentation de leur prix. Tout le monde s’accorde pour dire que si ces pays veulent atteindre le niveau de vie des occidentaux, les ressources naturelles de la planète n’y suffiront pas. Nul ne peut leur interdire de se développer ainsi, mais force est de conclure que le développement ne peut plus guère se poursuivre dans la lignée de ce qu’il a été, et qu’il va nous falloir d’urgence trouver des solutions pour produire mieux, en consommant moins.


Alors que le pic de production de pétrole était prévu pour 2025 il y a encore peu, les prévisions sont rapidement tombées à 2015, avant que les experts ne suggèrent que nous y sommes très probablement (en moyenne, en dehors des pays qui l’ont dépassé depuis les années 70, comme les USA), et ceux qui ne l’atteindront qu’en 2040 comme l’Arabie Saoudite). Il est donc probable que la croissance du prix du pétrole que nous constatons actuellement va continuer, en l’absence de tout problème géopolitique qui ne fera qu’amplifier encore le phénomène. 

Les impacts de cette augmentation du coût sont énormes (sans mentionner les impacts de la disparition du pétrole à plus long terme), et touchent tous les domaines :
- agriculture (production d’engrais et aux produits agricoles issus de la pétrochimie)
- pétrochimie
- pêche, bien que le problème finisse ici par être aussi lié aux stocks halieutiques,
- transports public et privés
- etc
 

En ce qui nous concerne ici, ceci va probablement se traduire par l’envolée des coûts des transports aériens et individuels. Les transports publiques pourront y pallier partiellement dans les grandes agglomérations, mais guère dans les régions moins desservies. De nouvelles contraintes vont donc apparaître (réduction des voyages professionnels et du nombre de réunions physiques), que les organisations vont devoir prendre en considération. Partout où les contraintes le permettront, il sera donc nécessaire d’explorer les opportunités des nouvelles technologies.



Changement N°3 : Excès de CO2 et changement climatique

Si les changements décrits précédemment vont avoir des impacts majeurs sur nos modes de vie, le changement climatique en cours va induire des bouleversements aussi, voire plus, profonds.
 

Selon Michael T. KLARE (2006) : "Le changement global du climat risque de se traduire par des chocs environnementaux soudains et cataclysmiques, plutôt que par une hausse graduelle (et donc gérable) des températures moyennes. De tels chocs pourraient inclure une hausse substantielle du niveau des mers du globe, des tempêtes et ouragans intenses, ainsi que des phénomènes de désertification à l’échelle de continents entiers. Cela pourrait déclencher des conflits sanglants parmi les survivants à de telles crises pour l’accès à la nourriture, à l’eau, aux terres habitables et aux sources d’énergie.

Quand ils seront frappés par la famine, la maladie et des désastres météorologiques dus au changement climatique abrupt, relève le rapport du Pentagone, les besoins de nombreux pays vont dépasser leur capacité productive, c’est-à-dire leur capacité à fournir le minimum nécessaire à la survie humaine. Cela va créer un sentiment de désespoir qui va probablement conduire à l’agression de pays disposant de plus grandes réserves de ressources vitales. Imaginez les pays d’Europe de l’Est, obligés de lutter pour nourrir leurs populations avec une baisse de leurs ressources en nourriture, en eau et en énergie, jetant leurs yeux sur la Russie, dont la population est en baisse, pour accéder à son blé, ses minéraux et ses sources d’énergie." (Michael T. KLARE (2006), 'Ressources naturelles et guerres à venir', http://alternatives-international.net/article235.html) 

Déjà aujourd’hui, la montée du niveau des mers grignote jusqu’à 100 m de plage par an en Caroline du Nord et à de nombreux autres endroits du globe, mettant de nombreuses maisons en péril immédiat.
(Hélène Crié-Wiesner (30 oct 2007), 'Face au recul du littoral, qui dévaste la côte est américaine, des chercheurs ne désespèrent pas de trouver des solutions',
http://www.liberation.fr/transversales/futur/reportage/288147.FR.php)

Avec l’augmentation à venir des désordres climatiques, en nombre et en force (ils auraient été multipliés par 4 en 20 ans selon certaines sources, le nombre le mort ayant plus que doublé), les politiques vont devoir prendre des mesures drastiques (car trop tardives) pour la réduction de la production de CO2 (sans que personne ne sache si cela suffira ou si l’inertie sera déjà irréversible et sur plusieurs siècles, comme le pensent déjà certains scientifiques). Ces mesures toucheront nécessairement les principaux pôles de production de CO2 :
- les automobiles
- l’aviation
- l’industrie

Si nous avons déjà commencé à mesurer une partie de ce que nous faisons en termes « d’empreinte environnementale » (comme la dernière coupe du monde de Rugby ou un conseil des ministres en Corse), il va falloir rapidement s’attaquer aux causes principales.

Nous pouvons donc prédire la mise en place de mesures qui limiteront les déplacements en avion et en véhicules polluants, ce qui se traduira nécessairement par un changement dans les habitudes des organisations, en particulier lorsqu’elles sont décentralisées. Si cela aura un impact sur le coût et les modalités des réunions physiques internes (ainsi que sur le management des ressources distantes), cela se traduira nécessairement sur les modalités des réunions clients ! La télé présence, la réalité virtuelle, augmentée ou synthétique a ici de beaux jours devant elle !

Agilite_Ecosysteme_v2.gif
Diagramme Causes – Effets de l’impact de la situation environnementale (au sens large)
sur la réduction de la mobilité (source :
www.tecoman.info)

Ce schéma est évidemment loin d’être exhaustif, puisque l’objectif est seulement d’illustrer les implications sur l’utilisation des technologies collaboratives, sans se préoccuper des autres impacts… malheureusement très nombreux.

En synthèse 
A chacun de juger si cette vision incomplète du contexte environnemental, vaut la peine d'être prise en compte. Il est clair qu'une stratégie d'entreprise est généralement "offensive", et que la prise en compte de ces phénomènes globaux implique une démarche "défensive" qu'il n'est probablement pas aisé à faire passer en interne. Cependant, les avantages concurrentiels de demain pourraient en partie reposer sur le niveau de préparation des organisations sur ces sujets...

Dans le deuxième volet de cette réflexion, nous tâcherons de faire un tour d’horizon du contexte externe plus orienté business, puis du contexte interne des organisations, afin d’identifier les facteurs qui favorisent le développement de l’utilisation des technologies collaboratives existantes et émergentes, ceci afin de favoriser le développement de l'agilité et de l'innovation.
 

Quelques références :

Sur la raréfaction des ressources :
- Insee (2007), ‘Evolution cours du Brent’, 
http://www.insee.fr/fr/indicateur/tableau_de_bord/fiche_tableau_de_bord.asp?id_tbc_the=10
- ‘Le Pic Pétrolier (Peak Oil)’ : http://lanredec.free.fr/polis/peakoil.html
- AIDS.Org, « Les textes de référence 2007 », http://www.aidh.org/txtref/2007/onu-bkm02.htm


Sur les problèmes climatiques :
- Le Monde (10/12/2007), "Le réchauffement climatique pourrait déclencher une guerre civile mondiale",
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3244,36-987617@51-853716,0.html
- GreenFacts (2007), 'Consensus Scientifique sur le Changement Climatique'
http://www.greenfacts.org/fr/changement-climatique-re4/index.htm
- Matthieu Auzanneau (Oct 2007), '15 millions de milliards d’euros : L’estimation du coût maximal du réchauffement climatique d’ici à 2100': http://www.transfert.net/15-millions-de-milliards-d-euros
- Environnement : http://www.worldwatch.org/
- AIDS.Org, « Les textes de référence 2007 », http://www.aidh.org/txtref/2007/onu-bkm02.htm
- Michael T. KLARE (2006), 'Ressources naturelles et guerres à venir', http://alternatives-international.net/article235.htmlhttp://alternatives-international.net/article235.html
- Hélène Crié-Wiesner (30 oct 2007), 'Face au recul du littoral, qui dévaste la côte est américaine, des chercheurs ne désespèrent pas de trouver des solutions', http://www.liberation.fr/transversales/futur/reportage/288147.FR.phphttp://www.liberation.fr/transversales/futur/reportage/288147.FR.php
- Programme International Géosphère Biosphère (IGBP), 'La montée du niveau des mers', Extrait de la Lettre du Changement global n°19 http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/dosclim/biblio/pigb19/03_montee.htmhttp://www.cnrs.fr/cw/dossiers/dosclim/biblio/pigb19/03_montee.htm
- 7sur7.be (25 nov 2007), "Le nombre de catastrophes liées au climat a quadruplé", http://www.7sur7.be/hlns/cache/det/art_668079.html?wt.bron=RSS


Sur les technologies émergentes et la collaboration électronique :
- Union Internationale des Télécommunications (Nov 2007), ''L’Internet des objets',
http://www.itu.int/itunews/manager/display.asp?lang=fr&year=2005&issue=09&ipage=things&ext=html
- Hubert Guillaud (Nov 2007), 'Prenez un siège', http://www.internetactu.net/?p=7420
- Knowings (2005), « Vision et pratique d’intelligence économique, de knowledge management et de travail collaboratif en France », www.knowings.com, Novembre 2005
- Tecoman.info (2007), "Réalité Synthétique : Quand le virtuel s'invite dans le réel (Claytronique)",
http://www.tecoman.info/article-13867249.htmlhttp://www.tecoman.info/article-13867249.html
- Tecoman.info (2007), 'La réalité augmentée au service des enfants', http://www.tecoman.info/article-13867586.htmlhttp://www.tecoman.info/article-13867586.html


Sur la Grippe aviaire :

- Gestiondecrise.com (2007), ‘Grippe aviaire : Scénarios à envisager et conseils aux entreprises’ :
http://gestiondecrise.com/grippeaviaire3bis.htm
- l’OIE, Office International des Epizooties : www.oie.int
- OMS : www.who.int

Par Fabrice Poiraud-Lambert

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